Le complot des corbeaux, de Ariel Holzl


Je dois l’avouer, j’étais très curieuse de commencer ce roman. La blogosphère a largement vanté ses mérites et le quatrième de couverture a de quoi intriguer, il faut bien le reconnaître. Dès les premières pages, Ariel Holzl nous plonge dans un univers victorien gothique un brin steampunk qui m’a beaucoup plu. Grisaille, comme son nom l’indique, est une cité qui ne connaît pas le soleil, une ville où tout est gris, y compris le cœur de ses habitants qui aurait même tendance à tirer sur l’anthracite. Bien que ce soit une monarchie, la ville est contrôlée par huit familles qui complotent pour le trône, des aristocrates aux passe-temps discutables et aux méthodes pour le moins radicales. En effet, le taux de mortalité crève le plafond et les deux-cent-quarante-trois cimetières se remplissent à vue d’œil !

Bienvenue à Grisaille, donc, où nous allons faire la connaissance des sœurs Carmines. Au nombre de trois, elles sont aussi différentes qu’il est possible de l’être et depuis que leur mère, courtisane de son état, s’est fait la malle, elles tentent de survivre chacune à leur manière. Pour commencer, il y a l’aînée, Tristabelle, ambitieuse et égocentrique au possible ; puis la cadette, Merryvère, la monte-en-l’air affublée d’une malchance chronique, qui s’escrime pourtant à ramener de l’argent à la maison ; enfin, Dolorine, la benjamine, charmante enfant qui voit des fantômes, à la fois naïve et déterminée, qui forme un duo détonnant avec son doudou, Mr Nyx, méchante poupée de laine à la Tim Burton.

Ça y est, vous y êtes ? L’ambiance est posée, je crois, et c’est le point fort de ce roman. Ajoutez à cela la plume cynique et l’humour décapant de son auteur et vous aurez une bonne vue d’ensemble. Le petit bémol, c’est que j’ai été plus charmée par l’atmosphère qui se dégage de ce récit que par son intrigue un peu attendue. Après un vol a priori de routine, Merry réussit à se mettre à dos les huit familles maîtresses de Grisaille en ayant malencontreusement mis les pieds là où il ne fallait pas. Le rythme est soutenu, le style fluide et dynamique mais l’intrigue n’en reste pas moins assez simpliste. Et puis carton rouge aux éditions Mnémos qui n’ont pas su reproduire en numérique les illustrations qui agrémentent la version papier, privant ainsi une partie de leur lectorat de ces petits clins d’œil amusants.

Au final, un roman jeunesse acide et immoral comme on les aime, malheureusement doté d’une intrigue un peu trop simple à mon goût. A découvrir comme une curiosité jubilatoire, sans en attendre l’Amérique mais sans non plus bouder son plaisir.

Note : ★★★★☆

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Les Sœurs Carmines, tome 1 : Le complot des corbeaux, de Ariel Holzl
Editions Mnémos (2017) - 263 pages - Support numérique - Fantasy

Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône. Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…

Site de l'auteur : http://arielholzl.com/

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